Union Nationale des Ecrivains de France
Coordination Défense de Versailles
8, rue d’Anjou
75008 Paris

Le Président Monsieur le Président de la République
  Palais de l’Elysée
Lettre ouverte 55, rue du Faubourg St Honoré
  75 008 Paris
   
   
   
  Versailles, ce 14 juillet 2012

 

Monsieur le Président,    

Le 16 avril 2012, vous vous êtes solennellement engagé devant les Français à les faire juges de votre Présidence, en cas d’élection, sur un seul point : « La justice ce sera le seul critère ! », et c’est pour vous demander réparation de la pire des Injustices, à l’ouverture de votre quinquennat, que nous avons recours à vous.

Est-il pire Injustice, en effet, pour un Peuple que de se voir bafoué dans l’honneur du symbole le plus glorieux de son identité, c'est-à-dire de ce qu’il a de plus précieux, par son propre Gouvernement, osant en toute duplicité l’en déposséder, pour réserver le profit spéculatif de ce trésor unique à un petit nombre de privilégiés et, à son seul Président, le prestige de chef d’un Grand pays millénaire en résultant aux yeux du monde entier ?

Ce symbole de la France, outrageusement bafoué par son propre gouvernement, c’est Versailles,  symbole de l’excellence de la France, de la gloire du Roi-soleil et du rayonnement de la France dans le monde ! Vu de l’étranger, la France c’est Paris et Versailles. Versailles c’est Louis XIV et Marie-Antoinette. Louis XIV, élève de Mazarin choisi par Richelieu, dans cette lignée de Louis XIII, c’est le véritable fondateur de la langue française et de l’Etat modernes, du code français et de l’Etat de Droit, du pré carré des frontières de la France et de nos Institutions modernes, de l’invention de l’art et de notre cadre institutionnel classiques, tous dérivés du « style » Louis XIV logeant royalement la République : Assemblée nationale au Palais Bourbon, Sénat au Palais du Luxembourg de Marie de Médicis, Conseil d’Etat au Palais Royal ex Cardinal, Cour de cassation ancienne section du conseil du roi[1], Académies, Comédie française, Invalides, Congrès du Parlement enfin la plus haute assemblée du Peuple « souverain » en dernier ressort de la Constitution, au château de Versailles, comme il se doit.

Vu de l’étranger, lorsqu’un Président de la République parle, c’est le prestige attaché à la majesté héritée de ce cadre royal ( partie visible des Institutions et des Valeurs pérennes qu’elles représentent ) avec l’ombre portée du roi Louis XIV, modèle de tous ses « successeurs », qui donnent au Chef de l’Etat en France tout son crédit : qui font qu’il est tant écouté dans le monde comme vous l’avez-vous-même souligné. Evidence symbolique hautement rappelée par trois phrases clefs depuis votre élection : 1) Par vous-même : « La France est un Grand pays »  ( depuis le Louis le Grand du  « Siècle de Louis XIV » de Voltaire ) ; 2) Par le « C’est l’Image de la France », de Laurent Fabius justifiant le cadre « royal » de son Ministère ; 3) Par ce qu’a dit en substance C. Pégard Président du château de Versailles : « Louis XIV est le modèle de tous les chefs d’Etat lui ayant succédé en France, royaux, impériaux jusqu’au républicains d’aujourd’hui[2] » !

La politique est essentiellement d’ordre symbolique. « C’est très important d’être attaché à des symboles » dites-vous. Tout particulièrement en France, cet ordre symbolique politique est royal par essence. C’est cette évidence visuelle de l’exception royale du modèle politique français - inscrite dans la pierre de nos monuments et faisant de la France la première destination touristique au monde - qu’illustre magnifiquement votre premier discours du 14 juillet 2012. Pour être entendu vous avez voulu être vu, non pas en vous plaçant sous le moindre signe de l’Elysée mais sous le symbole royal de l’hôtel de la Marine, dernier garde meuble de la Couronne et siège de l’Etat-major de « la royale » frappé de la marque légitimante du style Louis XV.

Le décryptage du symbole d’exception politique royale de la France, hérité de Louis XIV à Versailles, livre le secret de son pouvoir légitimant. L’Ordre symbolique du style Louis XIV imprimant toute sa filiation - artistique,  politique et institutionnelle – fait dériver son harmonie des trois caractères royaux  d’UNITE, de MAJESTE et d’ELEGANCE[3] manifestant visuellement au Monde cette identité souveraine de la France «  Une  et visible », qui n’est ni une addition, comme l’avait souligné C. De Gaulle, ni une juxtaposition,  mais bien une DECLINAISON souverainement cohérente de l’Unité, dans sa diversité, par le canal des trois valeurs transposée du Beau du Vrai et du Bien héritées des Grecs.

Placé sous ce symbole royal légitimant, chaque fois qu’un Président de la République parle, c’est cette profession de foi en cette France symbolique du Grand Siècle - glorifiée par Voltaire - qu’il proclame d’instinct à son tour comme s’il disait à la face du monde : « Ecoutez moi bien, je suis le successeur de Louis XIV ! ». Et les chefs d’Etat étrangers comme français visitant Versailles ont tous marqué un temps d’arrêt devant le célèbre chef d’œuvre de Lebrun « Le roi gouverne par lui-même » ( 1661), qui fait « le nœud de tout » (Nivelon) dans cette Galerie des glaces représentant la gloire symbolique du gouvernement de Louis XIV et de l’unité du Royaume ; devant lequel fut proclamé l’unité de l’Empire Allemand (1871) et signé le Traité de Versailles en retour (1919) ; et qui figure et incarne ainsi, depuis Louis XIV, le pouvoir symbolique légitimant absolu de l’Identité et de la Souveraineté de la France - artistique, culturelle et politique - aux yeux du monde entier.

C’est l’outrage de ce symbole de l’Identité et de la Souveraineté de la France, de Versailles - justement choisi par le 1er Empire botté Allemand, pour humilier la France en Louis XIV - que le Gouvernement Sarkozy a choisi en 2008 pour rabaisser le Peuple français mis sous le joug colonial de New-York et de l’Ultralibéralisme anglo-saxon. Ceci en y organisant des expositions dégradantes tournant en dérision nos valeurs patrimoniales, à partir de celle de Jeff Koons 1er, substitué à Louis XIV sur son trône, disséminant ses « sex toys » outrageants dans les Grands appartements royaux jusque dans la chambre de la reine Marie-Antoinette. Ces immondes provocations faites sous l’égide de l’Etat ont suscité un mouvement de Résistance culturel et un rejet massif, national et international[4], de 95 à 98 %,  qui finiront par provoquer la chute  du candidat aux présidentielles 2012.

Mais l’outrage au Symbole des Symboles de la France n’en continue pas moins aujourd’hui, à l’ouverture de votre quinquennat,  à Versailles où le Gouvernement Sarkozy a malicieusement décidé de reporter sa nouvelle exposition de dérision jusqu’au lendemain des Législatives, le 19 juin 2012 ! Depuis, les Grands Appartements y sont la cible de la nouvelle provocation de J. Vasconcelos dont « tout l'art est dans le procédé d’avilissement de la Beauté et de la Femme, de son “ Lustre-Tampax ” qui lui a valu les honneurs de la biennale de Venise ». Avec à son menu infâme : casseroles, couvertures et escarpins, dans la Galerie des glaces ; couverts en plastiques ( cœur de Viana ) dans le Salon de la guerre ; carafon de vin dans les jardins !...  Avec cette nouvelle dégradation du Saint des Saints de Versailles, au service de la glorification du mercantilisme et de ses fausses valeurs de pillage de notre patrimoine, c'est toute la valeur de l’incomparable symbole, culturel, politique et économique, de Versailles qui se trouve à nouveau tournée en dérision et déprécié. La trivialité de ces objets de consommation, ramenant la fonction de la femme à celle de ces ustensiles de cuisine, poursuit la politique de dévalorisation de l’image de Versailles et de la femme déjà mise en scène par les aspirateurs « sexistes » de Koons représentant la fonction ménagère et sexuelle de la femme.  Allez-vous cautionner cette ignominie ?

Le principe d’assassinat du pouvoir symbolique d’une œuvre d’art est simple à comprendre et mécanique. Il suffit à l’exposition Vasconcelos de juxtaposer le chef d’œuvre à son inverse symbolique, présentée comme une œuvre, pour en détruire l’effet par opposition des contraires. Pour assassiner symboliquement la somptueuse ELEGANCE de la chambre de la Reine Marie-Antoinette, il lui suffit simplement d’y introduire un « perruquier » obscène et révulsant brisant le charme du lieu et de la grâce toute naturelle de Marie-Antoinette, aux superbes cheveux et qui n’a jamais porté de perruques[5] ! De même pour assassiner le pouvoir symbolique de MAJESTE souveraine de la Galerie des glaces, il suffit d’y introduire une paire de « Pompes » géantes rappelant les Bottes de l’occupation allemande de 1871 et brisant le « nœud » d’UNITE symbolique de ce lieu   « Le roi gouverne par lui-même», en captant le regard sur la bizarre TRIVIALITE des casseroles constitutives des Pompes-escarpins. Et ainsi de suite dans les autres lieux symboliques cibles du château. Au total on assassine le symbole légitimant d’Identité et de Souveraineté de la France, inhérent au style Louis XIV,  par l’inversion de ses trois caractères : en opposant à l’UNITE le chaos, à la MAJESTE la trivialité,  à la DISTINCTION la vulgarité. Telle est le principe de duplicité, de double langage culturel de ce système d’assassin’Art qui déshonore le symbole le plus glorieux de notre identité, dévalorise notre prestige et ruine nos intérêts vitaux  !

Mais pourquoi le Peuple, lui, devrait il accepter sans murmure, cette pollution visuelle de Versailles, d’immondes sex-toys, provocations de toutes sortes, vulgarités et autres casseroles, empêchant les visiteurs de voir ce chef d’œuvre dans son authentique harmonie pour en respirer l’ambiance, s’imprégner de son pouvoir symbolique et y trouver une source d’inspiration, littéraire, artistique, politique, économique et intellectuelle, toujours renouvelée ? Pourquoi le devrait il ? alors que ses mandataires se pavanent dans les palais royaux, préservés de ces pollutions, sex toys et autres objets immondes d’art new-yorkais, et dont l’harmonie est protégée pour leur plaisir ( ne venez-vous pas vous ressourcer à la Lanterne de Versailles ? ), pour leur prestige au regard de l’étranger, et pour la justification de leur légitimité à prélever l’impôt et à exiger l’obéissance de leurs sujets Souverain ! Pourquoi, sinon par peur du ridicule,  avez-vous offert à la reine d’Angleterre, lors de votre dernier voyage, une porcelaine de Sèvre très classique et non un sex toy à la Koons ? Mais alors pourquoi persisteriez-vous à imposer au Peuple souverain  (et aux touristes effarés !) la pollution visuelle des immondices de l’art new yorkais dans notre joyau national (payant), alors que ni les élus ni vous-mêmes n’en voudraient à aucun prix, ni les autres mandataires rétribués dans les Palais qu’ils occupent à leur profit aux Palais Bourbon, Sénat, etc. ?   

Le moment est venu de rompre avec la falsification historique et le double langage culturel « assassin » de juxtaposition des contraires, institutionnalisé par le Gouvernement Sarkozy et son clan servi par J.-J. Aillagon. Les mandataires du Peuple souverain doivent désormais respecter le patrimoine historique consensuel des Français, leur symbole suprême d’Identité et de Souveraineté de Versailles. Ou bien ils doivent déguerpir des Palais et autres symboles royaux pour s’installer eux-mêmes dans les cages à lapin d’art « contemporain » qu’ils réservent à la masse imposable, corvéable à merci, et à laquelle l’enchantement du patrimoine historique est refusé par la pollution d’immondes expositions semblables à celles de J. Vasconcelos. Confronté à l’insupportable, il va bien falloir se soumettre ou se démettre, comme MM Sarkozy et Aillagon en ont fait la cuisante expérience.

Sans le glorieux symbole de Versailles, l’ombre portée de Louis XIV ayant fait de la France le Grand pays « moderne » que nous admirons dans ses monuments d’encre et de pierre s’offrant à nos yeux, que vous resterait-il pour faire un Grand pays, à l’heure dérisoire de la désindustrialisation de masse de la France qui fut la première puissance au monde et qui ne sait même plus produire d’acier à l’ombre de la tour Eiffel ? 

A l’évidence, le moment historique est désormais venu de mettre un terme à la pire Injustice qui puisse frapper un Peuple : le priver de l’image qu’il se fait de lui-même, de son être, par la négation de son glorieux symbole de Souveraineté hérité de Louis XIV. Symbole qui, aux yeux du monde entier, fait toute son Identité, son Unité et sa Richesse. Symbole unitaire composite légitimant - royal, révolutionnaire, impérial et républicain - , national et international, au pouvoir rayonnant universel : politique, culturel et économique[6]. La duplicité du double langage culturel de ces expositions basé sur la négation des contraires, doit cesser comme faites au seul profit de l’hégémonie de New-York, d’un clan spéculatif du Président déchu et de l’Ultralibéralisme prédateur et corrupteur dont vous avez dénoncé l’injustice lors de votre discours du Bourget du 22 janvier 2012 en dénonçant « la finance [comme votre] principal adversaire ».

Au nom de votre vibrant engagement du 16 avril 2012 d’être jugé sur la Justice, et de l’immense majorité des Français comme des étrangers, nous vous demandons donc solennellement de faire cesser le scandale inouï que nous dénonçons depuis 2008, la pire des injustices faite au Peuple Français par son propre Gouvernement dans l’outrage méprisant du Symbole de la France le plus glorieux admiré du monde entier : le joyau de Versailles. Nous demandons aussi la démission de C. Pégard bras armé de cette politique suicidaire de  N. Sarkozy d’expositions de dérision, contraires aux missions du château, s’analysent juridiquement ( CPI) en termes de contrefaçon et dont elle nie elle-même la légitimité en avouant au Figaro : « Versailles n’est pas une galerie » ! Allez-vous enfin interdire les « Pompes » de Vasconcelos narguant le symbole souverain de Versailles à l’image des bottes allemandes piétinant la  Galerie des Glaces ? Ou bien allez vous laisser perdurer cette suprême injustice donnant raison au terrible avertissement de G. Orwell « Si vous voulez une image du futur, imaginez une botte écrasant un visage humain… pour l'éternité » ? De tous vos défis n’est-ce pas le plus facile à relever par le Chef d’Etat que vous êtes, et rapidement ? Vous comprendrez que ce soit sur ce choix symbolique de Versailles que nous jugions à l’ouverture du quinquennat votre engagement du 16 avril 2012 pour savoir si oui ou non « Le ( juste ) changement c’est maintenant  » ou jamais ! Mais aussi, quelle magnifique occasion symbolique de nous redire : C’est « Le changement que je veux, puisqu’il doit être à la hauteur de la France ! »

Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération.

Pierre CHARIE-MARSAINES Arnaud-Aaron UPINSKY
Président d’honneur, Commandeur de la Légion d’Honneur Président


[1]  Cf. son règlement de 1738, suivi à la lettre jusqu’en 1947

[2]  « Louis XIV, les passions du Roi-Soleil, « Secrets d’histoire », France 2, 3 juillet 2012

[3] Les trois caractéristiques du style Louis XIV données par le « Tableau des styles du meuble français à travers l’histoire » de Jacques Bertrand, expert honoraire, sélectionné par l’Institut National Pédagogique français et le Ministère Belge, 2011.

[4] Cf, 24 sept 2008, Canard enchaîné : « Arrête de faire le Koons ! » « et ceux qui persistent à se gausser du nouvel art official au goulag ! » ;  25 sept. 2010, Le Figaro : « Excuses nipponnes pour l’exposition Murakami » ;  10 juin 2011, Le Parisien  : « Vent de colère chez les guides du château ».

[5] De même que le film « Les adieux à la reine » la diffamait  par une vision dépravée de ses mœurs, inverse des véritables.

[6] Politique, comme matrice de nos Institutions et signe d’Unité nationale donnant à la France une place qualitative et une autorité unique dans le monde ( en non le stupide 1 % quantitatif de Giscard !). Culturel, comme origine de notre suprématie de « première puissance culturelle » magnifiée par J. Kennedy et faisant de la France la première destination touristique au monde. Economique, comme source de notre Industrie du luxe illustré par le Comité Colbert. Etc.